Fiche pays – Azerbaïdjan

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L’Azerbaïdjan, situé à la croisée de l’Asie de l’Ouest et de l’Europe de l’Est, se profile en tant que nation transcontinentale d’importance géopolitique. Encadré par la Russie au nord, la Géorgie au nord-ouest, l’Arménie à l’ouest, l’Iran au sud, et bordé par la mer Caspienne à l’est, sa position stratégique confère une dynamique particulière à ses relations géopolitiques avec ses voisins.

La République d’Azerbaïdjan s’étend sur des terres caractérisées par des reliefs variés et une mosaïque de cultures. La capitale, Bakou, émerge comme un centre névralgique, entourée de principales villes qui jouent des rôles distincts dans le paysage socio-économique. Les caractéristiques géographiques distinctives, allant des plaines côtières aux montagnes du Caucase, contribuent à la richesse naturelle et culturelle de ce pays en constante évolution.

Contexte historique

L’Azerbaïdjan, ancien berceau de civilisations telles que les Mèdes et les Albanais du Caucase, a façonné une histoire riche dès l’Antiquité. Cependant, le XXe siècle a vu le pays basculer sous l’influence soviétique, subissant des transformations politiques et sociales jusqu’à son émancipation en 1991, symbolisée par la création de la République d’Azerbaïdjan.

La Guerre du Haut-Karabagh au début des années 1990 a profondément affecté la région, laissant des séquelles durables et influençant la trajectoire politique et géopolitique de l’Azerbaïdjan. Les évolutions post-indépendance ont engendré des ajustements institutionnels, contribuant à la configuration politique actuelle du pays.

Système politique

L’Azerbaïdjan est actuellement dirigé par le président Ilham Aliyev, en fonction depuis 2003, succédant à son père Heydar Aliyev. Ilham Aliyev est affilié au Parti Nouvel Azerbaïdjan (YAP), parti politique prédominant dans le pays. Son leadership marque une continuité politique, avec un accent sur la stabilité et le développement économique.

Le modèle politique, caractérisé par une République présidentielle, confère au président un pouvoir substantiel dans la formulation et l’exécution des politiques nationales. Le YAP, en tant que parti au pouvoir, joue un rôle central dans la politique azerbaïdjanaise, manipulant les orientations politiques et influençant les dynamiques internes.

Les dernières années sous la présidence d’Ilham Aliyev ont été marquées par des réformes économiques, des projets d’infrastructure d’envergure (corridor gazier sud, la route de la soie ferroviaire, etc…), mais aussi des critiques concernant la démocratie et les droits de l’homme.

Économie

Au cœur de l’économie azerbaïdjanaise, l’exploitation pétrolière et gazière, l’industrie chimique, et l’agriculture ont historiquement caractérisé le pays. Actuellement, une volonté de diversification économique se manifeste, notamment par le développement du secteur touristique. Bakou, en tant que chef de file, attire l’attention grâce à des investissements dans le tourisme, contribuant ainsi à réduire la dépendance aux revenus énergétiques.

L’économie azerbaïdjanaise s’inscrit dans un réseau international avec des partenaires clés tels que l’Union européenne et la Chine. Ces alliances favorisent des échanges variés et des investissements importants. Par exemple, l’accord avec l’Union européenne ouvre de nouvelles perspectives, facilitant l’accès aux marchés européens, aux technologies, et renforçant la compétitivité des secteurs azerbaïdjanais. D’un autre côté, la Belt and Road Initiative (Nouvelle route de la Soie) renforce les liens sino-azerbaïdjanais, en mettant particulièrement l’accent sur le développement des infrastructures (améliorations portuaires, liaisons ferroviaires modernisées…).

Géopolitique et Sécurité

L’Azerbaïdjan, entretient des relations bilatérales stratégiques avec ses pays voisins, impactant la dynamique régionale. Sur la scène internationale, l’Azerbaïdjan est un membre actif d’organisations régionales telles que le GUAM (Organisation pour la démocratie et le développement économique) et l’Organisation des États Turciques, renforçant ses positions diplomatiques clés et ses alliances économiques et sécuritaires.

En matière de sécurité, l’Azerbaïdjan accorde une importance cruciale à sa politique de défense et à ses forces armées. L’armée azerbaïdjanaise, moderne et bien équipée, est un élément central de la stratégie de défense nationale.

Dans une perspective géopolitique, outre le conflit du Haut-Karabagh, l’Azerbaïdjan est également confronté à des tensions en mer Caspienne, notamment avec le Turkménistan, liées à des enjeux de délimitation des frontières maritimes et d’accès aux ressources énergétiques sous-marines.

Les liens étroits avec la Turquie, en plus de leurs fondements culturels et historiques, s’étendent au domaine militaire. La Turquie apporte un soutien significatif à l’Azerbaïdjan, notamment par le biais d’accords de coopération militaire et d’une assistance militaire tangible, renforçant leur partenariat stratégique, en particulier lors de conflits régionaux tels que celui du Haut-Karabagh.

Culture et Société

La culture et la société de l’Azerbaïdjan sont le résultat d’une riche histoire, influencée par diverses civilisations au fil des siècles.

L’Azerbaïdjan, carrefour donc entre l’Orient et l’Occident, a été façonné par les civilisations perses, turques et russes. Cette mosaïque culturelle se manifeste dans l’architecture, l’art, et les traditions de la nation. L’azéri, langue officielle et révélatrice de cette diversité culturelle, unit la population, tandis que l’islam, principalement chiite (influencé par son voisin iranien), prédomine dans le paysage religieux.

Le système éducatif azerbaïdjanais, en constante évolution, contribue à l’alphabétisation élevée de la population (99,80 % (2019)). Sur le plan culturel, l’Azerbaïdjan se distingue par sa richesse artistique et patrimoniale. Les arts traditionnels, tels que la musique mugham et la danse, ainsi que le patrimoine architectural, reflètent la profondeur de la culture nationale.

Les Enjeux actuels et perspectives d’avenir dans le contexte post-conflit du Haut-Karabagh

L’année 2024 a été témoin de changements significatifs dans le paysage géopolitique du Haut-Karabagh, marquant la résolution d’un conflit de trois décennies. L’Azerbaïdjan a réussi une offensive victorieuse, conduisant à l’autodissolution de la République autoproclamée du Nagorny Karabakh (Haut-Karabagh). Cependant, cette avancée militaire soulève des questions cruciales quant aux intentions stratégiques de l’Azerbaïdjan, notamment en ce qui concerne le « passage de Meghri » et ses implications géopolitiques.

Le déplacement massif de la population arménienne du Haut-Karabagh et les préoccupations concernant une intervention militaire azérie dans le sud de l’Arménie ajoutent une dimension humanitaire et sécuritaire. La restructuration du service de sécurité nationale en Arménie reflète la nécessité d’anticiper les potentiels défis sécuritaires émergents dans la région.

Les négociations à venir devront traiter de la délicate question du « corridor de Meghri », un enjeu central dans les préoccupations géopolitiques, avec des défis majeurs pour le désenclavement du Nakhitchevan. Dans cette période post-conflictuelle, la nécessité d’une diplomatie agile s’impose, car des impasses dans les pourparlers pourraient potentiellement conduire à de nouveaux conflits.

Matthieu Hebrard, chargé de veille stratégique sur le Caucase

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