Au cœur du Moyen-Orient, l’Iran est appelé à jouer un rôle majeur aux niveaux régional et mondial, influencé par sa civilisation millénaire ainsi que par sa situation stratégique. Étant donné que la Turquie se trouve à l’ouest, l’Afghanistan et le Pakistan occupant ses frontières orientales, tandis que l’Irak se trouve à l’ouest, l’Iran se trouve dans une zone de mouvements géopolitiques importants. Aujourd’hui, l’Iran est décrit comme une nation hybride, influencée par la civilisation occidentale et la culture orientale. Il possède une forte identité nationale iranienne mêlée à la domination de la tradition chiite. L’Iran se situe au carrefour des civilisations et joue un rôle essentiel dans la politique régionale.
Contexte historique et culturel
L’Iran, autrefois appelé Perse, a un passé historique profond qui remonte à des milliers d’années et qui implique des dynasties nobles et des empires tels que les Achéménides, les Parthes et les Sassanides. L’immensité du passé a créé une tapisserie complexe de culture et d’identité qui façonne la vision iranienne du monde.
Historiquement, l’Iran a été un berceau de civilisation bien connu pour ses contributions majeures à la littérature, à la poésie, à l’art et au patrimoine architectural islamiques. Des personnalités célèbres telles que Zoroastre et Avicenne ont laissé un héritage spirituel et intellectuel monumental qui reflète la riche diversité et la tradition profondément enracinée de l’Iran. La résistance aux stratégies répressives du régime s’est accrue en raison de l’impact sur les fondamentalistes religieux.
Ces événements ont finalement provoqué l’exil du Shah en avril 1979 et une rupture avec le régime depuis les années 1940. Ils ont également abouti à la déclaration d’une République islamique. Le pétrole a été nationalisé et une nouvelle Constitution, basée sur les principes de l’islam, a été adoptée. Suite à une guerre dévastatrice avec l’Irak de 1980 à 1988 et à la chute des revenus pétroliers, l’économie iranienne a rencontré de sérieux obstacles dans les années 1990. Une partie de la population réclame une plus grande libéralisation, ce qui met en lumière les tensions entre réformistes et conservateurs au sein de l’appareil politique.
Système politique et gouvernance
L’Iran fonctionne sous un système politique complexe qui combine.des éléments de démocratieet de théocratie. Le pays est dirigé par le guide suprême, l’actuel chef de la révolution iranienne, l’Ayatollah Ali Khamenei, dont l’autorité s’étend aux institutions politiques, militaires et religieuses. Outre le Guide suprême, un président élu et un parlement exercent des fonctions politiques dans le respect de la loi islamique (la charia).
«Avec la récente vague de protestations et de mouvements en faveur de la vie et de la liberté des femmes, la répression s’est intensifiée»
Narges Mohammadi, prix nobel de la paix lance un appel à l’ONU.
Il n’est aujourd’hui plus possible de parler de l’Iran sans invoquer le meurtre de Mahsa Amini, étudiante iranienne tuée par la police des mœurs en 2022 pour “port de vêtements inappropriés”. Son histoire a fait le tour du monde et le rideau s’est levé sur la réalité Iranienne. La révolte des femmes et de jeunes a confirmé de façon dramatique le conflit irréductible entre la société iranienne ouverte sur le monde contemporain et un régime politique qui n’a pas su évoluer depuis quatre décennies dans la direction de la population.
Les difficultés économiques, la restriction des libertés, la terreur, la répression et l’épuration systématique ont grandement sapé le soutien social au régime. Durant la première décennie révolutionnaire, plusieurs vagues d’exécutions massives ont été enregistrées, avec au moins 6 000 exécutions entre 1979 et 1983, suivies de 5 000 autres entre 1988 et 1991. Ces exécutions ont été menées en réponse à des attaques armées contre le régime, ou pour éliminer des opposants, qu’ils soient libéraux laïques, des démocrates, des communistes ou accusés d’« occidentalistes » et parfois de complot. Le motif de complot, réel ou supposé, est un élément central de la vie politique iranienne. En outre, des exécutions ont également eu lieu pour purifier la société de ceux accusés de trafic de drogue.
Économie et ressources
L’économie iranienne dépend largement de ses vastes réserves de pétrole et de gaz naturel, ce qui en fait l’un des principaux producteurs d’énergie au monde. Cependant, les sanctions internationales et les restrictions économiques (en raison de son programme nucléaire controversé et de ses activités considérées par l’Occident comme soutenant le terrorisme dans la région) ont entravé le plein potentiel de développement économique du pays. Le gouvernement cherche à diversifier l’économie en investissant dans des domaines tels que les technologies de l’information et les infrastructures. La promotion des investissements étrangers et la réforme économique sont donc les principales priorités du gouvernement.
Géopolitique et relations internationales
Si l’Iran joue un rôle central dans la stabilité du Moyen-Orient, ses relations internationales et régionales n’en sont pas moins marquées par des tensions et rivalités. En effet, les relations avec l’Arabie-Saoudite, Israël ou encore les États-Unis sont souvent conflictuelles, alimentées par des différends politiques, religieux et idéologiques. Sur la scène internationale, l’Iran est un protagoniste essentiel dans les négociations nucléaires, avec un accord conclu en 2015 pour limiter son programme nucléaire en échange d’une levée de l’embargo des États-Unis. Cependant, le retrait des États-Unis de cet accord en 2018 a entrainé des tensions et une incertitude quant à l’avenir de la diplomatie nucléaire.
Culture et société
Cette société reflète une histoire ancienne et des influences variées. Malgré les restrictions sociales et politiques imposées par l’actuel gouvernement, la société iranienne est marquée par une vitalité culturelle et une créativité artistique. La culturelle de ce pays est riche en traditions et patrimoine, avec des célébrations et pratiques religieuses jouant un rôle central dans la vie quotidienne des Iraniens. L’attachement à la famille, à la communauté et à la religion reste profondément enraciné dans la société iranienne, contribuant à une identité nationale forte et résiliente.
Perspectives
L’Iran continue de lutter contre la menace du terrorisme et de l’extrémisme, tant sur son territoire qu’à l’étranger. Les groupes terroristes tels que Daech et Al-Qaïda maintiennent une présence dans la région, cherchant à déstabiliser le gouvernement iranien et à attiser les tensions sectaires.
Sur fond de crise politique et économique, les élections législatives iraniennes ont montré un mécontentement croissant à l’égard du régime et ont été caractérisées par de faibles taux de participation (23,5% selon l’IPSA). Pourtant, les ultraconservateurs, soutenus par le leader Ali Khamenei, devraient conserver le contrôle du Parlement, signe d’une légitimité populaire fragile. En termes de politique étrangère, les lignes idéologiques soutenant « l’axe de la résistance » restent dominantes, mais les troubles politiques internes pourraient limiter la capacité du régime à mobiliser un soutien massif pour ses opérations régionales, en particulier celles ciblant les Palestiniens.
Tout en maintenant sa position idéologique, la République islamique a également fait preuve de prudence et évité un conflit ouvert avec les États-Unis et Israël, démontrant ainsi une approche pragmatique face aux défis régionaux et internationaux.
Zoé Laurent, chargée de veille stratégique sur le Moyen-Orient